Accompagnement : May’Santé LAB & IPA
Margaux TROHEL, cheffe de projet à May’Santé LAB, nous détaille de quelle manière elle accompagne des professionnels sur le sujet des infirmiers en pratique avancée (IPA).
En tant que cheffe de projet, vous accompagnez notamment les infirmières libérales qui souhaitent se former au métier d’IPA : pouvez-vous nous donner un exemple ?
Quand on est infirmière libérale, la question de la formation n’est globalement pas simple à appréhender, et encore moins quand il s’agit d’une formation pointue, qui dure 2 ans !
Une multitude de questions se posent :
- Quel financement pour ma formation ?
- Vais-je devoir maintenir mon activité libérale pour m’assurer des revenus ?
- Mais vais-je pouvoir cumuler ma formation à temps plein, avec une activité libérale, même réduite ?
- Quel temps vais-je pouvoir dédier à mon activité libérale ? Est-ce que ce sera suffisant, avec les aides, pour assumer mes charges ?
- Quelles sont mes chances d’être reçue en Master ? Que dois-je mettre en avant dans ma candidature pour faire la différence ?
- Quel est le niveau de difficulté de cette formation, y-a-t-il d’anciens étudiants qui pourraient me renseigner ?
- Sur quel territoire est-ce que je souhaite m’installer ? Y-a-t-il déjà des IPA, ou des IDE en cours de formation ?
- Comment les médecins généralistes perçoivent ce métier, sont-ils prêts à collaborer avec moi ?
- Comment évaluer mes charges lors de mon installation ? Y-a-t-il des aides à l’installation ? À quelles conditions ?
- Combien de patients dois-je voir par semaine/par mois/par trimestre/par an pour que mon activité soit rentable ?
- Comment puis-je anticiper la montée en charge ?
Si l’envie est là, il est primordial pour les infirmières de ficeler leur projet avant de se lancer, les conséquences étant très importantes, tant qu’un point de vue professionnel que personnel. Et nous sommes là pour faciliter cette période de réflexion, et de consolidation du projet.
Je pense à une infirmière libérale qui réfléchissait à se former, mais qui avait besoin d’être aidée pour évaluer la pertinence, la viabilité, la faisabilité de son projet. Nous avons un regard averti sur le métier d’IPA, sur les pratiques, sur les professionnels déjà formés, sur les écueils…et c’est aussi cette expertise et ce « guichet unique », grâce auquel elle allait pouvoir trouver réponse à l’ensemble de ces questions, que cette infirmière est venue chercher. Elle a entendu parler de May’Santé LAB par l’intermédiaire de la coordinatrice de sa MSP, et des médecins généralistes et n’a pas hésité à nous contacter.
Elle nous a appelé, puis nous nous sommes rencontrées en janvier 2023, et nous avons phosphoré ensemble, sur son projet précis.
Il s’agissait d’abord de savoir où elle en était de ses réflexions, de ses démarches :
- Il y a déjà une IPA sur son territoire : est-elle au courant de son projet ? Comment le perçoit-elle ? Comment imagine-t-elle l’organisation ?
- Les médecins de son territoire sont-ils au courant de son souhait, sont-ils partants pour collaborer avec elle, alors même qu’ils collaborent déjà avec une IPA ? Leur patientèle est-elle suffisante pour que deux IPA puissent travailler sur ce secteur ?
Nous avons également exploré la piste de l’installation en libéral, ou en salariat d’une MSP par exemple, mais la future IPA avait la volonté de s’installer en libéral.
Pour les aides financières, que ce soit pendant la formation ou à l’installation, nous nous sommes assurés qu’elle avait les coordonnées des bons interlocuteurs tant au Conseil Départemental, qu’à la CPAM ou à l’ARS.
Il a aussi été question de la formation : dans quelle ville souhaite-t-elle se former, mais aussi comment se passe la formation (présentiel, distanciel, stage) et quelles modalités seraient les plus facilitantes pour elle, pour le maintien éventuel d’une activité professionnelle pendant la formation ?
D’ailleurs, nous avons longuement étudié la faisabilité du maintien d’une activité libérale pendant la formation ; si les aides auxquelles les infirmières libérales peuvent prétendre pour se former ne sont pas négligeables, les réalités et les charges personnelles déjà engagés nécessitent souvent de continuer à travailler, même à « temps partiel ». En fonction du minimum de chiffre d’affaires à maintenir, nous avons établi un nombre minimal de jours mensuels à dédier au maintien de l’activité libérale. Cette analyse objective, en termes de faisabilité, n’a pu se faire que parce que nous sommes en contact régulier avec des IPA déjà formés, et avons leurs retours d’expérience sur la charge de travail que représente la formation.
Forts des éléments concrets tirés de ce premier échange, nous avons étudié son projet plus finement au sein de May’Santé LAB, et sommes revenus vers elle avec des chiffres, des contacts, un rétroplanning, une organisation ficelée, une projection budgétaire. Puis, les échanges ont continué pendant plusieurs mois. Elle a déposé sa candidature auprès de l’Université, et a été accompagnée par May’Santé LAB dans la construction de son CV et de sa lettre de motivation, puis dans la préparation de son entretien face au jury. Et cet accompagnement a porté ses fruits, puisqu’elle a été reçue et a effectué sa rentrée en septembre 2023 !
Nous sommes toujours en contact avec elle, nous prenons des nouvelles et ne manquons pas de la tenir informée des évolutions que nous constatons, notamment en ce qui concerne l’existence de nouvelles aides financières auxquelles elle pourrait prétendre. Lorsqu’elle s’installera, nous ne manquerons pas de rester disponibles pour l’accompagner, et nous nous tiendrons bien sûr informés de la manière dont elle travaille sur son territoire et dont elle collabore avec les médecins. D’ailleurs, nous l’avons sollicitée encore récemment pour participer à une soirée d’information sur la formation et le métier d’IPA, afin d’apporter son regard et son retour d’expérience sur la formation.
Vous avez également contribué à la soirée d’information qui s’est déroulée au CH Laval le 14 février dernier : vous pouvez nous en dire plus ?
En 2023 déjà, May’Santé LAB avait mis son réseau et son expertise a contribution pour garantir le succès de la soirée d’information sur la formation et le métier d’IPA.
Pour cette nouvelle édition, nous avons réitéré l’expérience ; en collaboration avec l’Université d’Angers et le CH de Laval, nous avons participé à rendre cette soirée aussi vivante et concrète que possible !
Notre implantation sur le territoire Mayennais, et nos accompagnements concrets de projets d’installation d’IPA nous place comme le partenaire indispensable pour aller chercher les professionnels les plus à même de partager leur expérience. Ainsi donc, nous avons sollicité des IPA, des médecins et des étudiants pour qu’ils interviennent lors de la soirée d’information, pour qu’ils parlent de leur expérience, de leur ressenti, en tant qu’étudiant IPA, en tant qu’IPA salarié d’une MSP, salariée Asalée, en tant que MG qui collabore avec une IPA… Notre intervention a permis la présence de 3 IPA, d’1 MG, et d’1 étudiante IPA.
Par ailleurs, nous avons relayé l’invitation à cette soirée auprès de la CPAM (pour envoi aux MG et IDE libéraux), du CDOM, de l’URPS IDEL, et sur nos réseaux sociaux, suivis par de nombreux professionnels de santé, et en avons également parlé avec les professionnels que nous accompagnons dans le cadre de leur projet IPA. D’ailleurs, les directrices de 3 EHPAD, qui réfléchissent à recruter une IPA mutualisée et que nous accompagnons dans leur projet, se sont déplacées avec 2 IDE de leurs établissements, pour prendre des informations et alimenter leurs réflexions. Nous avons en outre mis en relation ces directrices avec le conseil départemental, avec les formateurs de l’Université d’Angers, et avec des étudiantes IPA salariées d’EHPAD.
Vous êtes également sollicitée par des structures, employeurs ou futurs employeurs d’IPA : en quoi consiste votre accompagnement (EHPAD) ?
En effet, comme je le disais, nous accompagnons notamment les directrices de 3 EHPAD qui réfléchissent ensemble à recruter une IPA pour leurs établissements. C’est lors de la soirée dédiée à la gestion du stress et la prévention de l’épuisement professionnel chez les soignants, que nous avons organisée le 15 novembre dernier, qu’une directrice nous a interpellé pour nous faire part de son projet, et de son besoin d’accompagnement. S’il lui paraissait assez évident qu’une IPA permettait de libérer du temps médical, de soulager les équipes, et d’améliorer la prise en charge des résidents, il lui était nécessaire d’objectiver et de chiffrer les avantages à recruter une IPA.
Nous nous sommes donc rencontrées une première fois pour mieux cerner le contexte dans lequel travaillent ces 3 directrices d’EHPAD, ce qui les a amenées à se projeter avec une IPA, la plus-value qu’elles y voient (pour leurs établissements, pour leurs résidents, pour leurs équipes, pour les médecins généralistes qui interviennent).
Le premier frein que nous identifions est la question du financement : quel financement pour la formation si c’est une infirmière déjà salariée d’un des EHPAD qui devait se former, quel financement pour le poste ? Pour construire le projet et explorer les pistes de financement, il est nécessaire de mettre en lumière le temps passé par les médecins généralistes de ville pour des suivis de résidents en lien avec leurs pathologies chroniques stabilisées. Nous accompagnerons dans l’analyse de ces données. Par ailleurs, toujours sur ce sujet du financement, nous allons faire du lien avec les bons interlocuteurs à la CPAM et au Conseil départemental (dont un représentant se joindra à nous lors de notre prochaine réunion de travail), et nous sommes en mesure de donner des fourchettes de rémunération d’IPA.
Il est également nécessaire de cadrer les missions qui seraient confiées à cette IPA, et à ce titre, nous travaillerons sur une base de fiche de poste, que les directrices pourront adapter, en fonction de ce qu’elles projettent. Nous attirons également leur attention sur l’absolue nécessité de lier avec la CPTS de leur territoire, et avec les médecins généralistes libéraux concernés ; ce projet ne peut qu’être coconstruit avec eux.
Enfin, nous mettons notre réseau au service de leur projet : lors de notre prochaine réunion de travail (en plus de la présence du Conseil Départemental déjà évoquée), nous organisons la rencontre avec un autre IPA, qui travaille au sein d’EHPAD sur un autre territoire du département, afin qu’il puisse apporter son retour d’expérience et nourrir les réflexions des directrices.
Finalement sur ce projet, May’Santé LAB met à disposition du temps de gestion de projet, de l’expertise pointue sur le métier d’IPA et sur les aspects RH inhérents au salariat au sein d’EHPAD, mais aussi son réseau.
Le projet est maintenant sur les rails : un cadre, des actions, des échéances… !
Interview & Retranscription : Laureen Lesturgez Chargée de Communication May’Santé LAB