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Interview : Fanny Garnier, assistante médicale au Pôle Santé de Mayenne

Fanny Garnier est l’assistante médicale de 2 médecins généralistes libéraux en Mayenne. Elle explique son parcours et son quotidien, et évoque les qualités requises pour exercer ce nouveau métier. Elle souligne aussi l’importance de l’accompagnement par May’Santé LAB dans son recrutement et sa prise de fonction. 

Bonjour Fanny Garnier, pour commencer pouvez-vous nous dire quel est votre parcours de formations ? 

Originaire du département, j’ai commencé par un Bac Scientifique à Mayenne. Ensuite, j’ai fait 3 années à l’IFSI d’Angers avant de travailler comme infirmière sur des remplacements à Nantes pendant 5 ans (rééducation adultes et pédiatriques, SSR, IME…). J’ai fini par revenir en Mayenne pour chercher du travail dans ma région natale. J’ai commencé par un remplacement à la Polyclinique de Laval avant d’envoyer des candidatures spontanées dans différents cabinets médicaux du territoire pour être infirmière assistante médicale ou être infirmière coordinatrice. J’ai aussi fait une formation d’Éducation Thérapeutique du Patient (ETP). La place des patients à une très grande importance pour moi, j’ai toujours été attirée par le relationnel et la prévention auprès d’eux au-delà de la technique qu’on peut retrouver en milieu hospitalier. 

Pourquoi vous êtes-vous dirigée vers le poste d’assistant médical ? 

Dans mon métier d’infirmière en services hospitaliers, je me plaisais vraiment à Nantes. Mais quand je suis revenue en Mayenne, les structures m’attiraient moins. Alors j’ai eu la curiosité de regarder ce qui pouvait se faire ailleurs, voir quelles étaient les évolutions du métier d’infirmière. Et puis un jour en me rendant à une consultation médicale chez mon médecin traitant le Dr Lhuissier à Ambrières-les-Vallées, j’ai rencontré son aide médicale présente un jour par semaine. C’est ainsi que j’ai découvert ce qui se rapprochait du métier d’assistant médical ! 

Comment l’association May’Santé LAB a accompagné votre projet ? 

J’ai d’abord envoyé une candidature spontanée au Pôle Santé Libéral du Pays de Mayenne avant de passer un entretien d’embauche avec le Dre Tiphaine Heurtault sur site. Il y avait aussi Patricia Houdayer, présidente de l’association May’Santé LAB qui l’accompagnait lors de cet entretien. C’est à ce moment-là que j’ai connu May’Santé LAB où Patricia Houdayer m’a présenté l’association pour l’occasion. Je lui ai répondu que, si j’avais su que cette association existait à mon retour en Mayenne, j’aurai surement mis moins de temps à connaitre les structures de santé du territoire. Cette association peut vraiment aider les professionnels de santé à connaître ce qui se fait en Mayenne, s’ils sont un peu perdus comme je l’étais ! 

Quelques jours après mon entretien, j’ai été reçue par Patricia Houdayer pour faire le point sur ce que j’en avais ressenti, comment j’envisageais la suite etc. C’était très rassurant de savoir que May’Santé LAB faisait le lien entre les Docteurs Tiphaine Heurtault et Luc Duquesnel avec lesquels j’allais être amenée à travailler. Les deux médecins étaient très occupés et peu disponibles pour me répondre rapidement. Mais je savais que j’avais une interlocutrice, en l’occurence Patricia Houdayer qui était vraiment là pour favoriser mon recrutement.

Comment s’articule aujourd’hui votre quotidien d’assistante médicale entre le Dr Luc Duquesnel et le Dre Tiphaine Heurtault ? 

Chaque jour de la semaine est dédié à un médecin, par exemple je suis avec le Dr Duquesnel tous les mardis et avec le Dre Heurtault tous les jeudis. Lors des vacances et des indisponibilités d’un des deux, je travaille avec l’autre ou je réalise des examens complémentaires. En général, en fin de matinée et en fin de journée, je réalise quelques tâches administratives parfois avec le médecin, parfois seule (lectures des bilans sanguins, appel des patients en cas de problème, réponses à d’autres professionnels de santé…). 

Qu’apporte votre niveau infirmière comme assistante médicale dans les consultations ?

Je vais rebondir sur les symptômes et données médicales du patient car j’ai des réflexes cliniques pour orienter mes questions. Je vais aussi être plus vigilante sur des antécédents ou des traitements qui nécessitent une surveillance particulière. Tout cela, ce sont déjà des points d’alertes que je vais pouvoir soulever. Contrairement peut-être à quelqu’un qui s’arrêterait au report des symptômes du patient. J’alerte sur les résultats des prises de sang. D’autre part, je fais de la prévention en donnant des conseils hygiéno-diététiques, je réalise aussi des réfections de pansements, des vaccins… tous ces points je les ai appris lors de mes études et de mes différents postes d’infirmière.

Parmi toutes ces tâches, est-ce qu’il y en a aujourd’hui que vous réalisez systématiquement pour les deux médecins traitants ? Des différences s’appliquent selon la patientèle de l’un ou de l’autre ?

Pour le coup, l’organisation est vraisemblablement la même entre les deux médecins. Ils ont juste une patientèle un peu différente, c’est à ce niveau-là que ça va changer. Le Dre Heurtault fait davantage de pédiatrie, je regarde alors si les vaccins sont à jour, je vérifie l’évolution de l’enfant au niveau du langage, de sa croissance et de son comportement. En amont, je prends donc plus de temps à faire les biométries pour ces jeunes patients. Le Dre Heurtault fait également des consultations gynécologiques. Je peux alors autant la servir en stérile que d’échanger avec la patiente pour l’aider à se détendre. À l’inverse, le Dr Duquesnel fait davantage de visites à domicile. En général, je commence par regarder le dossier médical pour voir s’il y a eu des modifications de traitements par des spécialistes, des résultats d’examens types radiologies ou bilans sanguins, avant d’imprimer l’ensemble pour la visite. 

Comment se passe généralement une consultation médicale pour vous ? À quel moment le médecin intervient ?

Dans une journée type, j’arrive la première aux bureaux et j’accède à l’agenda professionnel du médecin en question puis j’accueille le premier patient. Je débute l’interrogatoire pour connaitre ses problématiques et/ou demandes. Je regarde ses problèmes de santé, ses antécédents, ses derniers examens ou ses comptes rendus de consultations et/ou d’hospitalisation. L’interrogatoire peut prendre 5 à 10 minutes avant prendre les constantes (tension artérielle, pouls, saturation, poids,…) puis je retransmets les éléments recueillis dans son dossier médical.

Il peut m’arriver de prérédiger certaines prescriptions avant de les faire valider et signer par le médecin traitant. Prenons l’exemple d’un patient diabétique, je prescris la prise de sang à faire tous les trois mois et celle à faire une fois par an. Ou alors dans le cadre d’un bilan standard, je peux anticiper un renouvellement de traitements. Et bien sûr, tout est toujours vérifié et signé par le médecin. Le premier temps d’échange avec moi est un véritable temps d’écoute pour le patient. C’est un temps supplémentaire qui lui permet de poser l’ensemble de ses problèmes et de ses questions. Je résume l’ensemble pour le médecin, c’est un vrai gain de temps. Le médecin me rejoint ensuite et prend le relais avec le patient, je vais donc dans un autre bureau débuter une autre consultation.

Quelles sont les démarches administratives que vous réalisez ?

Au-delà des démarches administratives citées précédemment, je suis aussi en lien avec les EHPADs et les IDE libéraux. Par exemple, si l’IDE de l’EHPAD a besoin d’une visite en urgence pour un résident, elle me contacte et m’explique la situation. Selon l’urgence de la demande, je retransmets au médecin. Cela permet aux professionnels de santé d’avoir une interlocutrice rapidement et au médecin de ne pas être interrompu dans sa tâche. Je peux également échanger sur une situation plus complexe avec la coordination parcours du pôle santé ; appeler pour une demande de scanner en urgence…

Quels sont les actes médicaux que vous réalisez pour décharger le médecin ?

Il y a des journées, ou demi-journée où je réalise différents examens complémentaires sur demande du médecin tel que des ECG, des spirométries, des holters ECG, des holters tensionnelles et des bilans mémoire. Je retransmets ensuite les résultats au médecin qui revoit le patient en consultation avec les résultats. Autre exemple, si un patient consulte pour une douleur thoracique, je peux réaliser un ECG immédiatement à la demande du médecin. Je peux aussi faire des actes plus ponctuels tel que la réfection d’un pansement lorsqu’un patient consulte pour une plaie, ou une extraction de bouchon de cérumen. Je prends aussi le temps de faire du dépistage et de la prévention auprès des patients selon leur âge et leurs problématiques. Ça peut être des conseils sur l’alimentation, des outils pour gérer le stress… Il y a en tout cas une grande place à l’écoute du patient pour améliorer son état de santé.

Aujourd’hui, sauriez-vous nous dire combien de patients êtes-vous en mesure d’accueillir en moyenne par jour ? Avec le Dr Duquesnel d’un côté et le Dre Heurtault de l’autre ? Est-ce que ce nombre a augmenté en 1 an ?

Depuis mon arrivée il y a plus d’un an, nous avons trouvé notre rythme. Nous avons moins de retard, ce qui est très appréciable pour nous et pour les patients. Nous sommes toujours à 4 patients par heure mais s’il y a des demandes urgentes, nous sommes en mesure de prendre un à deux patients supplémentaires par demi-journée. Que ce soit pour le Dr Duquesnel ou le Dre Heurtault, leur nombre de patients en file active est supérieur aujourd’hui. Ce qui donne plus de travail administratif, plus de biométries, plus de comptes-rendus à lire, plus de courriers, etc.

Souvenez-vous de la perception de leur patientèle respective à votre arrivée, il y a un an ? Et comment sont vos relations avec ces patientèles aujourd’hui ?

Dans la grande majorité des cas, mon arrivée a été très bien accueillie par les patients. Je me présente comme infirmière assistante médicale ce qui les rassure car le métier d’infirmière est plus connu que celui d’assistante médicale. Je précise aussi immédiatement que le médecin nous rejoindra au cours de la consultation.

Forcément aujourd’hui je me présente de moins en moins. La plupart des patients me connaissent un an après mon arrivée. Il y a quand même quelques situations où des patients n’ont pas été très agréables avec moi car inquiets que je sois là pour remplacer le médecin. Mais quand les choses sont expliquées, que ce soit par moi ou par le médecin, en général tout se passe très bien.

Qu’aimeriez-vous transmettre à des personnes qui souhaitent devenir assistant médical d’un médecin généraliste ?

Ce dont il faut avoir conscience, c’est que je suis vraiment au quotidien avec le médecin. Bien s’entendre avec lui est donc primordial. On travaille toute la journée ensemble, il faut avoir plutôt une même vision du travail et une confiance mutuelle. Après je dirai qu’il faut évidemment aimer être en contact avec les gens et avoir une capacité d’adaptation aussi bien côté patients et médecin… Avec l’agenda qui évolue constamment, savoir être flexible fait entièrement partie du métier ! Enfin, je dirai qu’il faut avoir conscience que ça reste un nouveau métier et qu’il faut beaucoup expliquer ce qu’on fait au quotidien, que ça soit auprès des patients ou même des professionnels de santé ou tout autre spécialiste. Il y a toujours un peu de méfiance par manque de connaissance. Alors il faut faire preuve de pédagogie et d’une grande patience.

Est-ce qu’il y a des points sur lesquels vous souhaitez appuyer ou partager ?

Pouvoir échanger avec le médecin sur des situations plus complexes et difficiles, est un aspect très important à notifier. Échanger entre pairs sur des prise en charge plus complexes permet de prendre du recul et d’alléger notre sac à dos comme le dit souvent le Dr Duquesnel. Sans oublier le fait que le patient puisse voir deux professionnels de santé permet de favoriser un diagnostic plus complet. Le patient va peut-être penser à dire quelque chose à l’un et pas à l’autre ! Les informations vont se compléter à deux vitesses, soit par rapport à un oubli, une plus grande affinité ou simplement notre différence d’âge et de genre.  

Pour terminer, j’aimerai préciser que je ne suis pas là pour remplacer le médecin, je suis là pour apporter une plus-value, l’aider et le compléter dans son travail. Je ne m’estime pas médecin et je ne compte pas le devenir. C’est important pour moi de le rappeler… Encore et encore s’il le faut !‌

Merci beaucoup Fanny Garnier pour cet échange !

Interview & retranscription : Laureen Lesturgez, chargée de communication à May’Santé LAB